La mare au diable - souper improvisé
« Que vous êtes donc gourmand ! reprit-elle en s’égayant un peu à son tour ; eh bien ! si vous ne pouvez pas vivre cinq ou six heures sans manger, est-ce que vous n’avez pas là du gibier dans votre sac et du feu pour le faire cuire ?
- Diantre ! c’est une bonne idée ! mais le présent à mon futur beau-père ?
- Vous avez six perdrix et un lièvre ! Je pense qu’il ne vous faut pas tout cela pour vous rassasier ?
- Mais faire cuire cela ici, sans broche et sans landiers, ça deviendra du charbon !
- Non pas, dit la petite Marie, je me charge de vous le faire cuire sous la cendre sans goût de fûmée. (…)
- Petite Marie, l’homme qui t’épousera ne sera pas sot !
- Je l’espère, car je n’aimerais pas un sot. Allons, mangez vos perdrix, elles sont cuites à point ; et, faute de pain, vous contenterez-vous de châtaignes ? »
La Mare au diable, George Sand